"Manger trois fois par jour : ou comment l'Occident a fait de votre estomac une machine à cash"

Depuis la fin du 19e siècle, l’idée que nous devons manger trois repas par jour s’est solidement ancrée dans nos esprits, mais peu savent que cette habitude n’est pas aussi ancienne qu’elle le semble. Avant l’avènement de la révolution industrielle, les repas étaient bien plus flexibles. Les populations rurales mangeaient en fonction des besoins énergétiques de leur travail quotidien, sans horaires fixes imposés. Pourtant, au début du 20e siècle, l’industrie agroalimentaire, principalement américaine, a trouvé un allié inattendu pour promouvoir l’idée de repas structurés : les médecins.

Une Habitude Alimentaire Forgée par la Révolution Industrielle

La révolution industrielle a marqué un tournant décisif dans les habitudes alimentaires. Avec l’arrivée des horaires fixes dans les usines et bureaux, il devenait nécessaire d’établir des moments précis pour manger. Cette évolution n’était pas dictée par un quelconque besoin physiologique, mais par des impératifs économiques. Les industriels ont rapidement compris que structurer les repas permettait de mieux contrôler la production alimentaire et de maximiser les profits.

Les Faux Arguments Médicaux du 20e Siècle

Au début du 20e siècle, des études médicales, souvent financées par l’industrie agroalimentaire, ont commencé à faire la promotion des trois repas par jour comme une nécessité pour la santé. Ces études, aujourd’hui discréditées, prétendaient que sauter un repas pouvait entraîner des maladies graves et que le petit-déjeuner était "le repas le plus important de la journée." En réalité, ces affirmations n’étaient pas basées sur des preuves scientifiques solides, mais sur des intérêts commerciaux bien compris.

En parallèle, la guerre mondiale a aussi joué un rôle. Les rations militaires distribuées trois fois par jour ont été présentées comme un modèle de nutrition, renforçant l’idée que cette structure alimentaire était idéale. Après la guerre, cette habitude s’est maintenue et propagée à travers l’Occident, particulièrement en Europe, alors en pleine reconstruction économique.

Les Conséquences sur la Santé : Un Héritage Toxique

Aujourd’hui, les problèmes de santé liés à cette habitude alimentaire sont alarmants. L’obésité, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires ont explosé en Occident. Selon les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le taux d’obésité en Europe a presque triplé depuis 1975. Aux États-Unis, près de 42% des adultes sont obèses. Ces maladies chroniques sont souvent liées à une surconsommation alimentaire, encouragée par le rythme rigide des trois repas par jour, souvent accompagnés de collations inutiles.

L’Asie, un Modèle à Suivre ?

En contraste, les populations asiatiques, notamment au Japon, ont longtemps adopté des habitudes alimentaires plus intuitives. En Asie, il est courant de manger quand on a faim, et non par obligation horaire. De plus, un principe important de la diète japonaise est de manger à seulement 80% de satiété, connu sous le nom de "Hara Hachi Bu." Ce concept, profondément enraciné dans la culture japonaise, est une des raisons pour lesquelles le Japon a l’une des espérances de vie les plus longues au monde et un taux d’obésité inférieur à 5%.

Conclusion : Écoutez Votre Corps, Pas l’Horloge

Il est temps de remettre en question ce que nous avons toujours pris pour acquis. Les trois repas par jour ne sont pas une règle biologique, mais un construct commercial. Au lieu de manger selon une routine imposée par l’industrie, il est crucial de réapprendre à écouter notre corps. Manger quand on a faim, et non par habitude, et s’arrêter avant d’être complètement rassasié, comme le pratiquent les Japonais, pourrait être la clé pour améliorer notre santé et notre bien-être.

Ne laissez pas l’industrie agroalimentaire dicter ce qui est bon pour vous. Écoutez votre corps, adaptez vos repas à vos besoins réels, et peut-être que, enfin, nous pourrons inverser les tendances inquiétantes de notre époque.

DP PSYCHOLOGIE SASU

Illustration : Ben Bahiya, A